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La fille du Seigneur de l'Hiver

Posté : ven. 18 mars 2016 12:33
par Aude
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Préambule

Le voyage paraît toujours long surtout lorsque le paysage change avec lenteur, la route interminable dessine des vagues courbes cherchant son chemin sur une plaine aux couleurs adoucis par quelques fleurs du printemps qui percent le paysage. L'air illuminé par un soleil radieux, apporte la promesse d'une nouvelle saison, sortant de cette interminable saison de froideur et de repos de toute nature. Le voyage a été remarquablement calme et la vie paisible au sein de la caravane menée par Maître Cornille, un marchand qui porte dans la couleur de ses cheveux grisonnant une belle expérience. Il a perdu son épouse il y a peu, prise par une maladie interminable que nul ne pouvait soigner, comme si son épouse avait décidé d'un abandon de cette vie de nomade. Maître Cornille a un fille surnommée Sauterelle, une jeune femme à son image, calme, posée et terriblement sérieuse.

Acceptant avec grâce et reconnaissance la compagnie de quatre voyageurs qui en échange de leur aide et de leur surveillance voyageaient tout à fait gratuitement, profitant de moments de repos dans le chariot de tête, les quatre voyageurs avaient eu amplement le temps de faire connaissance. Une halfeline du nom de Séraphine, qui très vite avait fait copine avec Sauterelle. Elles avaient de quoi échanger, vu que leurs parents respectifs avaient le même métier et les mêmes habitudes nomades.
Un gnome, Boniface qui n'arrêtait pas de babiller, de faire sourire tout le monde, multitudes d'histoires en poche et grand sourire réconfortant. Il était de ceux qui fut très vite accepté par Maître Cornille qui lui fit la confidence sur le décès de son épouse, des problèmes liés aux vies nomades, des difficultés d'approvisionnement parfois et bien sûr sur quelques clients spécieux et grognon, qu'il décrivait avec force de détails au grand ravissement de Boniface.
Puis un humain, Tollance, plutôt sérieux même si la bonté s'inscrivait sur son visage. Il faisait partie de ceux sur qui on compte vraiment si d'aventure il y aurait escarmouche. C'était le seul à avoir amené une jolie monture qu'il chevauchait accompagnant les caravanes, et de cette hauteur, semblait être le protecteur suprême de toutes les âmes qui composait ce petit groupe ambulant.
Puis il y avait le prêtre, Alcibiade qui n'avait de cesse à veiller à ce que tout le monde soit heureux et bien. Même si il restait secret sur son passé, on pouvait deviner en lui une grande sensibilité et une empathie certaine envers ceux qui l'entourait. Il avait toujours une oreille et un oeil attentif, sa grande bonté incitant aux confidences. Une compagnie agréable que Maître Cornille se félicitait d'avoir accepté en leur compagnie.

A part cela deux hommes, l'un vendeur de bijoux, qui allaient du colifichet à la parure plus compliquée et plus précieuse. Bernie était un homme silencieux et rêveur. Ses mains adroites pouvaient fabriquer mille petites choses sous des loupes de nez qui agrandissait son regard bleu ciel. Finalement Ferdinand, un vendeur de potion miracles, qu'il fabriquait lui même pour aider à vaincre maux et maladies. Ce dernier était un grand connaisseur de la flore sauvage et connaissait les vertus de certaines plantes. Son rêve était de s'installer en tant qu'alchimiste connu et de fabriquer de l'alcool de plante, chose qu'il était persuadé marcherait bien mieux que de simple potions guérisseuses.

Maître Cornille et sa fille avait décidé de s'arrêter en cette journée à une auberge où ils avaient leurs habitudes. Ils avaient déclaré au petit déjeuner qu'ils avaient franchit la frontière de la province d'Arsheim, une province essentiellement composés de petites bourgades et de paysans, d'ilets de forêts dense et quelques vallées où nulle histoires ne venaient troubler la tranquillité. Tout le monde était autour de ce feu qui réchauffait le petit matin, terminant un petit déjeuner composé de pain un peu sec, de pommes et de confitures de baies sauvages.


- Il faut que je vous prévienne, dit Maitre Cornille, que cette région a une triste réputation. Il paraitrait que quelques gobelins rôdent par ici, cherchant à piller les pauvres voyageurs comme nous. Je vous demanderais donc de bien faire attention. Nous passerons le gué vers mi-journée pour arriver à l'auberge de L'Ours Noir. Sauterelle, tu resteras à côté de moi...

Re: La fille du Seigneur de l'Hiver

Posté : ven. 18 mars 2016 19:00
par Grispers
Comme Boniface était occupé à réfléchir au deuxième chapitre de son histoire de sauterelles et de hannetons, il n'avait entendu qu'une partie de ce que venait de dire le maître de la caravane. Mais les visages défaits de certains des voyageurs ne trompaient pas ; l'heure était grave.
C'est donc avec son enthousiasme habituel qu'il dit :


- Ah ça oui les gobe-lin c'est un vrai souci. A une époque on en avait sans arrêt à la maison. Et puis un jour papa il a été à la ville et il est revenu avec toute une famille de lézards des Causses et on n'a plus jamais eu de problème.

Il parcourut l'assemblée du regard, tout sourire.

- Mais c'est pas grave si on a pas de lézard. On n'a qu'à ranger tout le lin dans un coffre pour la nuit et à mettre autre chose. J'ai une chemise de nuit en chanvre si quelqu'un a besoin.

Le gnome poussa un soupir de soulagement.

- Pfiou, un instant j'ai cru que vous parliez de monstres ou quelque chose comme ça.

Il laissa échapper un gloussement.
Et puis soudain le doute l'assaillit...


- Attendez, vous avez dit "gobe-lin" ou "gros belin" ?

Re: La fille du Seigneur de l'Hiver

Posté : sam. 19 mars 2016 14:11
par Séraphine
Séraphine eut un rire plein de complicité envers le gnome, qui n'avait de cesse de l'amuser

Hé j'espère que les Gobelins sont en effet des Gros-Brelin ! fit-elle en mettant ses bras devant son ventre pour en montrer l'importance. Non seulement ils auront du mal à nous attraper mais en plus on les entendraient de loin avec leur Brelin Brelin Brelin

La petite voleuse était bien aise avec cette compagnie. Le prêtre humain Alcibiade débordait de bonté naturelle, le chevalier était là pour protéger son troupeau de toute vilaine attaque, Boniface était d'une inscouciance qui lui allait à merveille, sans parler des compagnons caravaniers qui connaissant leur chemin et qui était de fins cuisiniers. Elle aurait bien voulu que ça dure éternellement !

Dis-moi Cornille, cette auberge, elle n'est pas trop chère au moins ? Et plus important que tout, fait-elle des tartes aux mûres ? Séraphine avait un truc avec les tartes aux mûres. Si on voulait la convaincre de faire quelque chose suffisait de l'acheter avec des tartes aux mûres ! C'était là sa grande faiblesse, son péché, la faille à toute chose

Re: La fille du Seigneur de l'Hiver

Posté : sam. 19 mars 2016 16:32
par Alcibiade
Enthousiaste et volontaire, Alcibiade marchait souvent à côté des chariots pour aller de l’un à l’autre et voir si tout allait bien. Ce gnome était bien sympathique avec ses histoires. Il apportait bonne humeur avec une simplicité toute… Innocente. Ce qui avait de l’importance pour lui était bien souvent anodin pour d’autres. Le prêtre lui sourit en inclinant la tête lorsque maître Boniface commenta la recommandation du caravanier. Son regard alla des uns aux autres, non sans croiser celui de la jeune femme ou plutôt devrait-il dire ce petit bout de femme étant donné la taille moyenne du peuple des halfelins. La gourmandise lui faisait briller les yeux et visiblement elle était plutôt bonne spectatrice des farces du gnome. Tout ceci faisait bien-sûr énormément plaisir au serviteur de Dénora, la déesse de la compassion et de la guérison. Alcibiade se dit qu’il devait faire en sorte que cela dure, sauf que… Ces gobelins annoncés par maître Cornille risquaient d’être le nuage dans le ciel encore gris hivernale.

Que la Lumière du jour nous éclaire. L’Amour sera notre bouclier et la Main qui guérit, notre arme. Ainsi commence le premier chapitre du livre sacré de Dénora. - Dit-il tel un exalté.

Puis il regarda Boniface et Séraphine avec un large sourire, parlant d’une voix calme sur le ton de la confidence – Et s’ils ne veulent pas entendre raison, je suis sûr que le Chevalier Tollence saura leur expliquer de façon… un peu plus physique qu’ils sont sur le mauvais chemin. J’espère sincèrement qu’on n’en arrivera pas à une telle extrémité. Il faut toujours garder espoir.

Comme l’avait recommandé le maître de la caravane, il focalisa son attention sur les alentours et les potentiels lieux propices aux embuscades, ceux-là où la route passerait près d’un bosquet d’arbre, entre des buissons, plongerait dans une ravine, etc, prêt à aller au-devant pour leur ouvrir les yeux sur la Vérité, la Vérité de Dénora bien-sûr.

Re: La fille du Seigneur de l'Hiver

Posté : sam. 19 mars 2016 21:57
par Tollance
La chemin de la vertu et du bon droit n'est pas souvent celui qu'on croit. Tollance avait pris la route pour se faire un nom et dans sa famille porter un nom se méritait. Comme il ne savait pas vraiment comment se faire un nom, il commença par le plus simple. On lui avait parlé de gobelins c'était selon lui un bonne manière de débuter sa quête du nom.

Je ne sais pas si les gobelins sont aussi prompts à recevoir l'enseignement de la lumière mais il me semble que leur asséner la bonne parole à coups d'épées ne soit pas la méthode la plus adaptée pour ce genre d'enseignement. Mais rassurez-vous, ayez un comportement honorable et je m'assurerai que vous pourrez toujours prêcher convenablement.

Il eut un petit sourire en coin relativement discret. Certes, il incarnait selon lui l'ordre et le bon droit mais il aimait particulièrement remettre à sa place les initiés des dieux. Il les trouvait un peu trop sûr d'eux dans leur inébranlable volonté de convertir tout le monde.

Re: La fille du Seigneur de l'Hiver

Posté : dim. 20 mars 2016 08:48
par Aude
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Maître Cornille rassura du mieux la petite blondinette, le sourire éclairant son visage aux farces des deux plus "petits" du groupe.

Ce n'est pas une auberge très chère Séraphine, c'est surtout une auberge bien gardée avec de solides murailles. On pourra y reposer à l'abri et surtout toute notre marchandise sera sous surveillance. Des gens honnêtes aussi. Quand aux tartes ... Ma foi je n'en ai aucune idée, mais si tu demande à Mère Bertha je suis sur qu'elle trouvera de quoi satisfaire à ta gourmandise ...
Le petit-déjeuner se termina tranquillement, le camp fut levé et la route reprit. Un timide soleil s'était levé se voilant derrière une brume comme si il n'était pas encore bien réveillé. Les roues frappèrent durement le sol légèrement givrés alors qu'ils arrivèrent à un pont. On voyait bien que Maître Cornille était un peu plus stressé. Ses yeux sondèrent les fourrés, parcouraient les crêtes du paysage montant et les petites vallées s'étendant à perte de vue.

Assez rapidement, après ce passage du pont, le paysage semblait retomber en hiver. Une épaisse couche de neige habitait encore les arbres, quelques jonquilles peinaient à fleurir dessous de la blanche couverture du sol et le chemin verglacé rendait le voyage un peu plus ardu. C'était comme si ici, le Printemps avait oublié de venir y semer les graines d'un renouveau.

Il était presque mi-journée lorsqu'ils arrivèrent sous le couvert d'un bois. Leur chef de caravane semblait satisfait, l'auberge de l'Ours Noir n'était pas fort loin et ils semblaient avoir de la chance jusqu'alors. Mais il aurait peut-être mieux valu qu'il se taise, car un rugissement se fit entendre, des aboiements furieux éclatèrent. Une troupe de gobelin arrivaient sur eux, montant des loups sauvages, alors que d'autres surgissaient des fourrés. Ils avaient la peau verte sur l'os, un long et rude hiver sans doute et semblaient avoir la dalle. Arrivant rapidement sur eux, Maître Cornille fit avancer les boeufs du mieux qu'il pouvait, au pas trottant des boeufs bien sûr, tout en criant quelques ordres:


Montez dans les chariots ! Défendez-vous ! On est plus très loin, quelques minutes à peine !

Les loups avançaient fort vite, talonnés par des gobelins armés d'épées tandis que ceux qui surgissaient au bord de la route avait matraque et dague. Les aventuriers apercevaient pour l'heure cinq gobelins montés, et de part et d'autre des charrettes courraient pour l'instant trois de plus qui essayaient d'attraper le bord pour se hisser dedans. Nous allons dire plutôt deux, car un des gobelin vient de se casser la gueule sur le chemin verglacé.

Re: La fille du Seigneur de l'Hiver

Posté : dim. 20 mars 2016 13:18
par Grispers
A la vue des créatures, Boniface ne put s'empêcher de pousser un cri de surprise.

- Mais qu'est-ce que c'est que ces choses ? dit-il, paniqué, sans faire le lien, pourtant évident, avec ce dont leur avait pourtant parlé le maître de la caravane plus ou moins en permanence ces dernières vingt-quatre heures.

Le gnome chercha du regard dans le chariot quelque chose qui lui permettrait de taper sur les doigts de l'assaillant qui cherchait à monter sur le véhicule.
Un balai, une spatule, une marmite, n'importe quoi.
Même une couverture ferait l'affaire, dans son cerveau embrumé par l'émotion.


Edit Aude : Tu trouves le bâton qui sert à remuer les braises

Re: La fille du Seigneur de l'Hiver

Posté : dim. 20 mars 2016 16:42
par Alcibiade
Évidemment les choses donnèrent raison au chevalier Tollence qui malgré sa répartie un peu directe envers le prêcheur qu'il était, n'en était pas moins mauvais homme - Pardonnes-lui, Dénora, il ne sait pas ce qu'il dit - Avait-il murmuré dans une courte prière comme si les propos du chevalier offenseraient directement la déesse toujours à l'écoute.

Il était prêt à raconter une histoire au chevalier Tollence lorsque d'affreuses créatures aussi maigrichonnes que laides les attaquèrent. Là bien-sûr le temps du dialogue et de la diplomatie était déjà dépassé avant d'avoir eu une chance de commencer. Il fallait visiblement obéir aux recommandation du maître e caravane qui, selon Alcibiade, avait sans doute une longue expérience de ce genre de danger. Le prêtre grimpa dans le charriot le plus proche lorsque les bœufs furent lancés au trot et avec son bâton, debout sur le siège avant, il essayait d'empêcher les Gobelins de grimper dessus en les repoussant tout simplement ou en tentant de les faire tomber de leurs montures.

Mais ce faisant, cela ne l'empêchait pas de leur crier
- Gobelins ! Vous avez vécu dans la chaumière du Mal et des Ténèbres ! Ce n'est pas votre faute. Vous avez été élevés et éduqués ainsi. Votre attitude montre à quel point vous êtes sur le mauvais chemin et aujourd'hui vous avez fait le mauvais choix ! Laissez-moi vous montrer la Lumière ! Dénora peut vous accorder le pardon si vous choisissez le chemin du Bien ! Vous n'êtes pas obligés d'être des mendiants et des brigands. Je peux vous montrer le bon chemin. Alors cessez immédiatement cette activité malfaisante ! Tout refus se verra condamné par l'épée de messire chevalier ! Je vous aurais prévenu !

Il se tourna vers le maître caravanier - Maître Cornille, ces créatures sont certainement affamées, ne pouvons nous pas leur jeter quelques nourritures qu'ils nous laissent en paix ? Et éviter ainsi toute effusion de sang et tout risque pour votre fille ?

Re: La fille du Seigneur de l'Hiver

Posté : dim. 20 mars 2016 17:48
par Grispers
Du coin de l’œil, Boniface aperçut le touille-tisons.
Il s'en empara et l'agita frénétiquement devant lui avec tout ce qu'il lui restait de bravoure.


- On est pas comestibles. Du balai ! Ouste ouste !

Il était presque sûr que si la créature persistait à vouloir monter dans le chariot malgré ses impressionnantes menaces il aurait le courage de lui taper sur les doigts. Presque...

Re: La fille du Seigneur de l'Hiver

Posté : lun. 21 mars 2016 09:25
par Séraphine
Séraphine ouvrit la bouche de stupeur. Sur des loups ? Non mais elle cauchemardait c'était sûr. Il ne fallait pas être grand divin ni grand mathématicien pour comprendre que la vitesse des loups était supérieure à celle des boeufs qui de plus tirait des chariots lourds. Elle se saisit de son épée et vaillamment défendit le chariot, en tapant sur les mains qui étaient agrippés au rebord et en agitant sa rapière devant le nez du gobelin.

Purée ça pue ces choses là ! dit-elle un peu inutilement à Sauterelle qui avait jeté un regard apeuré à l'arrière. Elle entendit les paroles du prêtre et lui répondit en criant Cornille est bien trop occupé à empêcher la panique des boeufs et à conduire le chariot mon grand ! Empêche le donc de monter au lieu de lancer des paroles inutiles. Du coin de l'oeil elle vit le gnome faire comme elle, agiter un bâton qui somme toute fera l'affaire pour empêcher la peau verte de mettre pied dans le chariot. Tiens prends ça vilain dit-elle finalement en piquant de sa rapière l'épaule de son ennemi.