Koll Koll, qui avait pu profiter d'un séjour prolongé à Maduk, dans une auberge tendrement nommé La Fée Clochette, eut vent de ce tremblement de terre qui avait tant effrayé les habitants. C'était facile, il y avait dans les conversation cet unique thème qui revenait sans cesse, qui avait été amplifié à tel point qu'on aurait pu croire que des démons en était la cause, qu'un dragon noir était revenu nicher au sommet de la montagne, que le volcan qui était endormi depuis mémoire d'ancêtre et au delà encore avait décidé de venir chatouiller de leur lave les orteils des pauvres résident. Il y avait de quoi titiller la curiosité de notre ami Koll Koll qui somme toute était homme proche de la nature, aimant jouer avec les éléments et en observer ses richesses.
C'est ainsi qu'il se retrouva sur le chemin vers ce village de Piertrouée pour au moins aller jeter un oeil discret sur ce qui s'était vraiment passé. Fort de ses capacités de se sortir de n'importe quelle aventure difficile, il arriva au sommet de la colline, le village apparaissant devant eux. Au delà la silhouette sombre du volcan se dressait tout recourbe vers l'océan comme un illustre vieillard qui s'apprêtait à se suicider dans les eaux de jade de l'immensité marine.
De sombres nuages grognent dans le ciel et un éclair attire son attention. Peut-être faut-il y voir la promesse d’une pluie à venir ? La terre en aurait bien besoin. La sécheresse est évidente et ces terres devait être autrefois verdoyantes. Il devait y avoir un fleuve qui sans nul doute a arrêté de couler ici, Koll Koll pouvait encore voir sa marque pierreuse, au loin, qui maintenant n'avait comme eau que la marée montante de la grande bleue. Plusieurs fermes entourent Piertrouée, bordées de champs arides et jaunes. Le barbare vit aussi une ouverture, surement la mine mine dans les collines, à l'ombre du volcan.
A Madruk on lui avait raconté la fermeture de cette mine il y a plusieurs année, suite à l'effondrement d'un tunnel ayant tué neuf mineurs. La mine n’a jamais ré-ouvert depuis et les gens disent que les choses n’ont plus jamais été les mêmes. Certains habitants ont fait leurs bagages et sont partis ; d’autres ont simplement disparu. On dit qu’au milieu des arbres sombres et morts qui garnissent les collines se cachent des tribus inhumaines qui s’attaquent aux voyageurs imprudents. Mais, bien sûr, ce ne sont là que légendes. Les gens cherchent peut-être tout simplement à expliquer par ces superstitions les temps difficiles, ou abreuvent leur imagination de peurs pour agrémenter les longues soirées d'hiver.