Guismo avait envie de montrer qu’il était un fier et puissant destrier sans peur et sans reproche, de même que sa cavalière qui se tenait droite au port altier, le regard rivé sur celui du chef de patrouille, probablement un sergent de la Garde Andorienne. Les marauds ne lui faisaient pas peur et ce n’étaient pas quelques voyous sales et miséreux des bas-fonds qui allaient l’arrêter dans sa quête pour rencontrer la fameuse compagnie des chevaliers de l’aigle. Encore fallait-il la trouver… Elle disposait de peu d’informations à leur sujet. C’était une compagnie d’élite, leur Commanderie se trouvait à la capitale andorienne, Almas, mais ses recherches lui avaient parlé d’une forteresse où les jeunes cavaliers subissaient toute une série d’épreuves de sélection assez difficiles à la sentence implacable et sévère. Elle était plus que motivée et confiante quant à ses chances de réussir les épreuves d’entrée. Mais par après, la formation était toute aussi difficile et seuls les meilleurs, les plus tenaces, ceux qui avaient un moral d’acier sortaient avec l’aigle d’or, l’insigne qui les qualifiait comme étant des chevaliers de l’aigle. Venait ensuite une période d’apprentissage sur le terrain sous la tutelle d’un chevalier confirmé, puis enfin après moult quêtes et exploits, après avoir fait ses preuves et avancé dans les différents niveaux des cercles de la chevalerie, elle pourrait faire cavalier seule et décider qui servir. Mais en attendant, elle devait troiver cette forteresse et tout ce dont elle disposait comme information à ce sujet, c’était qu’elle se situait à Oldfen, dans un coin reculé de l’Andoran, quelque pat sur la route entre Augustana et le Val de Sombrelune.
Tandis que le sergent ne semblait pas comprendre la dernière question d’Yzeure, l’un des soldats l’interpela – Sergent ! Ce nain semble vouloir nous dire quelque chose ! – Effectivement, un représentant du peuple fier, un de ces robustes gaillards sans doute aussi haut que large, à la barbe aussi fournie que précieuse, se tenait dans l’embrasure du porche, tourné vers les gardes et laissant les bas-fonds derrière lui, sa main devant lui montrait des doigts levés d’autres baissés tandis que du pouce il indiquait des directions. Le jeune sergent salua d’une façon assez martiale la jeune cavalière pour se diriger vers le soldat tout en regardant le nain puis sans hésiter il aboya des ordres. La patrouille de scinda en deux pour passer le nain de chaque côté et se déployer de l’autre côté du porche toujours en formant un V la pointe vers l’arrière. Les lances pointées vers l’avant, les boucliers levés, ils menaçaient quiconque viendrait des bas-quartiers pour forcer le passage vers là où se tenaient à présent Yzeure sur son fidèle destrier et Roarik, le nain à l’allure guerrière. Le sergent s’avança à la base du V, la main sur la poignée de son épée, prêt à dégainer – Vous là dans les ruelles ! Je vous conseille de vous disperser et de vous éloigner de la Porte. Nous monterons la garde ici jusqu’à la fermeture, vous n’avez aucune chance de passer. Si vous tentez quoi que ce soit, la Garde fera une descente dans le Quartier et ce n’est pas ce que vous souhaitez n’est-ce pas ? - Le silence simplement perturbé par le vent qui sifflait en passant sous le porche, mais aussi parfois par quelques claquement de sabots sur le pavé ou le renâclements du cheval prirent possession des lieux. Yzeure et Rorarik se trouvaient à présent de l’autre côté de ce que le sergent avait appelé la Porte, protégés par la patrouille dont deux soldats s’étaient détachés pour abaisser la grille pour la nuit. D’ailleurs il n’allait pas tarder à faire nuit et i était plus que temps de trouver un endroit pour la passer…